Méditations Avril 2008

La « crise de la vérité »
La « crise de la vérité » moderne prend ses racines dans une « crise de la foi » a affirmé Benoît XVI

 le jeudi 17 avril  2008 à Washington 
Discours aux représentants  de l’éducation catholique, à l’université catholique d’Amérique

La « crise de la vérité » moderne prend ses racines dans une « crise de la foi » a affirmé Benoît XVI dans son discours à un groupe de responsables et représentants de l’éducation catholique. « L’éducation fait partie de la mission de l’Eglise de proclamer la Bonne Nouvelle ».
Benoît XVI a reconnu que certains remettent en question l’engagement de l’Eglise dans l’éducation. Il est donc nécessaire « de réfléchir à ce qui fait la spécificité de nos institutions catholiques », a-t-il affirmé. « Comment contribuent-elles au bien de la société à travers la mission d’évangélisation fondamentale de l’Eglise ? » s’est-il interrogé.

L’Eglise est consciente d’être « porteuse d’un message qui a son origine en Dieu lui-même » et c’est « de cette conscience que naissent toutes les activités de l’Eglise », a expliqué le pape. « Celui qui cherche la vérité devient celui qui vit selon la foi », a-t-il poursuivi.

Par conséquent, a ajouté Benoît XVI, l’identité catholique d’une école « est une question de conviction ». « Croyons-nous vraiment que le mystère de l’homme ne devient vraiment clair que dans le mystère du Verbe fait chair ? s’est-il interrogé. Sommes-nous prêts à remettre tout notre être – intelligence, volonté, esprit et coeur – entre les mains de Dieu ? Acceptons-nous la vérité que révèle le Christ ? La foi dans nos universités et nos écoles est-elle tangible ? Lui donne-t-on une expression fervente sur le plan liturgique, sacramentel, à travers la prière, des actes de charité, un souci pour la justice, et le respect de la création de Dieu ? Ce n’est que de cette manière que nous témoignons vraiment de qui nous sommes et de ce à quoi nous croyons ». Dans cette perspective, on comprend que « la ‘crise de la vérité’ contemporaine prend ses racines dans une ‘crise de la foi’ ».
« Ce n’est qu’à travers la foi que nous pouvons donner librement notre assentiment au témoignage de Dieu et le reconnaître comme le garant transcendant de la vérité qu’il révèle », a-t-il expliqué.

Bien que les institutions catholiques soient supposées témoigner de la vérité du Christ, les personnes ne s’abandonnent pas facilement à Dieu, a relevé le pape.

« C’est un phénomène complexe auquel je ne cesse de réfléchir, a-t-il ajouté. Nous avons cherché avec beaucoup de zèle à captiver l’intelligence de nos jeunes mais peut-être avons-nous négligé leur volonté. En conséquence, nous constatons avec angoisse une déformation de la notion de liberté. La liberté n’est pas la faculté de se désengager de, mais la faculté de s’engager pour, une participation à l’Etre lui-même. La liberté authentique ne peut donc jamais être atteinte en se détournant de Dieu ».
Le pape a expliqué que l’identité catholique « exige et inspire » davantage que «l’orthodoxie d’un contenu de cours» ; elle exige «que chaque aspect de vos communautés d’étude se propage dans la vie de foi de l’Eglise».

« La vérité ne peut s’incarner que dans la foi et la raison ne peut devenir humaine, capable de conduire la volonté sur le chemin de la liberté, que dans la foi », a-t-il déclaré.
« De cette manière, nos institutions offrent une contribution vitale à la mission de l’Eglise et un service efficace à la société. Elles deviennent des lieux dans lesquels la présence active de Dieu dans les affaires humaines est reconnue et où chaque jeune personne découvre la joie d’entrer dans ‘l’être pour l’autre’ du Christ », a-t-il poursuivi.
Le pape a également souligné que la contribution de l’Eglise dans les débats publics est également remise en question. « Il est donc important de rappeler, a-t-il dit, que les valeurs de la foi et de la raison ne se contredisent jamais ».
« En exprimant la vérité révélée, elle rend un service à tous les membres de la société, en purifiant la raison et en veillant à ce qu’elle reste ouverte à la considération des vérités ultimes », a-t-il ajouté.
« Loin de menacer la tolérance de la diversité légitime, une telle contribution éclaire la vérité même qui permet d’atteindre un consensus, et contribue à maintenir le débat public rationnel, honnête et fiable », a-t-il expliqué.
Le pape a remercié les représentants de l’éducation catholique pour leur témoignage et leur professionnalisme, déclenchant les applaudissements de la foule.

Benoît XVI a enfin lancé un « appel spécial » aux religieux et religieuses, leur demandant de « ne pas abandonner l’apostolat dans les écoles ».
« Renouvelez votre engagement dans les écoles, surtout celles qui se trouvent dans les régions les plus pauvres », a-t-il exhorté.
« Là où il y a beaucoup de promesses superficielles qui détournent les jeunes du chemin de la vérité et de la liberté authentique, le témoignage des conseils évangéliques donné par la personne consacrée, est un don irremplaçable », a-t-il souligné.

« Je vous dis à tous : soyez des témoins d’espérance ! Nourrissez votre témoignage par la prière. Donnez raison de l’espérance qui caractérise vos vies, en vivant la vérité que vous proposez à vos étudiants. Aidez-les à connaître et aimer Celui que vous avez rencontré », a exhorté Benoît XVI